sábado, 12 de abril de 2008

Costa fait un film de genre digne de Tourneur


par ANTOINE THIRION

Quant à Tarrafal, des voix portugaises donc crédibles sont allées jusqu`à y voir le meilleur film de Costa. Sans concurrencer En avant, jeunesse, Tarrafal présente la même perfection en format court, qui raconte la notification d`expulsion faite à José Alberto, immigré cap-verdian de Fontainhas. Le film tire son nom du camp de concentration pour prisionniers politiques créé par le régime salazariste, en 1936, au Cap-Vert. José Alberto croise des proches disparus ou morts, parmi eux Ventura dont il serait un autre fils, et leur parle comme s`il n`en était rien: dans les conversations, il est question d`un diable dévitalisant ses victimes après les avoir prévenues par lettre – et il est clair que ce diable a un ministère. C`est là que Costa retrouve la force des films noirs et des westerns, au-delà de la beauté intrinsèque du surcadrage d`un paysage désolé ou d`un plan épique sur un poignard fixant l`Avis d`explulsion à un poteau. Tarrafal n`est pas un film sur la violence mais sur le Mal, et la lutte sociale est à sa mesure.

Cahiers du Cinema, Février 2008, Nº 631